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Les Douze travaux de Darhn (Part I)

Hé la raclée !

Dans la Jungle des Oubliés, la clairière retrouva son calme relatif.

Krol’gom se redressa de toute sa hauteur. Il bomba fièrement son puissant torse, couvert du sang de ses victimes qui masquait ses tatouages tribaux et poussa un cri victorieux. Les survivants et blessés de la meute, éparpillés devant lui, plièrent le genou acceptant définitivement sa domination. Maintenant, Il était le nouveau chef. D’aucuns des membres n’oseraient défier son autorité maintenant qu’il avait dévoré le cœur et une partie du corps de Bozar’sar, l’ancien chef du Clan de Lher’ne.

Krol’gom dépassait de deux têtes la plupart des chasseurs, qui étaient, déjà fort impressionnant de par leur renouvellement du génome avec les Fumel capturées. Les quelques gouttes de sang Muto qui coulaient dans les veines de Krol’gom, lui avaient donné une peau violacée et des muscles saillant, comme taillés dans la roche par un sculpteur frénétique.

Imposant sa puissance, Il était craint par ses victimes et par beaucoup des autres chasseurs de chaire Y’umaine. Sa cruauté et ses coups vicieux, en faisait un adversaire coriace, gravissant les échelons du clan avec une rage infernale. Dés son plus jeune âge, la violence faisant partie intégrante de l’univers offert par les Anciens, Krol’gom avait développé une forte ambition qu’il rêvait d’assouvir depuis longtemps. Jusqu’à présent, il n’avait pas osé défier Bozar’sar et ses nombreux partisans, non pas par peur mais préférant choisir le bon moment. Il ne se considérait pas comme intelligent mais la stratégie et la ruse, lui avaient toujours été bénéfiques. En même temps au vu du niveau intellectuel de ses compagnons, il faisait office de génie…

L’occasion se présenta plus tôt que prévue, alors que la meute était en chasse au gibier Bouzgnards, afin de réapprovisionner les stocks de viande.

Un petit groupe de Nounn’s, des Fumel Y’umaine domptées par le clan attendaient avec les petits le retour de la meute dans la tanière souterraine. La troupe en traque, était forte de neuf chasseurs et d’une demi-douzaine de Fumel Native. Tout aussi vaillantes et dangereuses que les chasseurs, elles avaient l’agilité au combat et la maîtrise du désossage des proies capturées pendant la chasse.

La meute se mit en route, vers de nouveaux terrains de chasses sous un ciel poisseux et prit la direction des Montagnes Tranchantes en passant par la Jungle des Oubliés, véritable enfer végétal où beaucoup ont disparus dans l’oubli.

Deux cycles solaires passèrent sans encombre. La faune hostile n’osait approcher la meute, sentant la mort se déplacer silencieusement et préférant éviter l’affrontement.

Lorsque la nuit rattrapa le groupe, les pisteurs partis en éclaireurs revinrent annoncer la découverte d’un petit campement d’environ vingt Bouzgnards cueilleurs de Racines Bleues.

Les yeux accablés de sommeil ou d’alcool, quatre mercenaires, d’un quelconque Baron de Yon, enchâssés dans des armures trop lourdes et maladroitement armés de piques mal aiguisées, montaient autour du camp, une garde fatiguée.

Le campement se composait de trois grandes tentes faites de fibres végétales. Confortablement installés, autour d’un grand feu de Pierres Noires, une partie des Bouzgnards riaient, chantaient, abrutis par l’ivresse et par leur impertinente présence en ces lieux. D’autres dormaient d’un sommeil insouciant.

Deux mercenaires se tenaient non loin du feu et riaient aux chants grivois entonnés par le cénacle. Un troisième semblait plus sérieux dans sa tache, par courage où simplement par peur, nul ne le saura. L’hom scrutait l’obscure lisière de la clairière où le campement avait été monté. Le quatrième mercenaire, urinait contre un arbre à quelques pas du camp.

Quelques armes trainaient à portée de main des Bouzgnards mais l’effet de surprise, en plus de l’obscurité, devraient faire le taf.

Les techniques de chasse, rodées depuis des générations, étaient toujours les même, encercler les proies, repérer les plus dangereux et les éliminer le plus rapidement possible. Une fois fait, l’abattage pouvait commencer… Enfin normalement…

Bozar’sar donna ses ordres et tous disparurent discrètement dans l’obscurité de la jungle. Un rictus carnassier découvrit les dents pointues de Krol’gom. Il lâcha un grognement feutré dans le silence, s’enfonçant dans les ténèbres à la suite de la meute. Il ne quittait pas la silhouette massive de Bozar’sar, dernier obstacle vivant qui le mènerait vers sa prise de pouvoir.

La nuit était seulement troublée par les effusions de joie des futurs casse-croutes et la mort de nombreuses bestioles, rejouant le cycle de la vie au cœur de la Jungle des Oubliés. Dans cette cacophonie étouffée, la meute prit place pour l’assaut mortel, avec la grasse d’un serpent redoutable approchant de son dîner.

Sous le redoutable coup de marteau vertical, donné par le Bozar’sar, le pisseur n’eu pas le temps de réagir lorsque son crane casqué s’incarcéra parfaitement au centre de son tronc. Le craquement de sa tête de con résonna dans la nuit, poussant le contenu de l’estomac vers la sortie inférieure, dans un prout balistique. Le premier coup était le privilège du chef, et celui-ci donna le départ de la battue, hurlant comme un enragé, ce qui accentuait la peur chez les proies.

Le reste de la horde hurlante se jeta parmi les Bouzgnards terrifiés, brisant net cranes et ambiance festive. Les beuglements d’horreur et d’agonie remplacèrent instantanément les chants et la quiétude relative du campement. Krol’gom venait d’écraser un pauvre Y’umain dans un grand éclat de rire démoniaque et d’os broyés. Il chercha du regard, parmi les Bouzgnards affolés, le terrible Bozar’sar et son marteau fracassant.

Le combat perdait de son intensité à mesure que les Bouzgnards tombaient en bouillie sanglante. Les mercenaires martyrisés feraient un bon encas et la viande récupérée donnerait une chance supplémentaire de survie à la meute et la génération suivante. Certaines Fumel commençaient déjà leur travail d’équarrissage, recyclant aussi les corps des compagnons tombés pendant la bataille.

Krol’gom faillit s’étrangler de stupéfaction lorsque son regard tomba sur son chef, au prise avec un grand type au long manteau. Bozar’sar, couvert de son propre sang, semblait en difficulté et la demi-douzaine de cadavres de ses frères, gisant aux pieds de l’étranger démontraient une certaine adresse au combat. Les dagues aiguisées, qu’il tenait dans chaque main, fendaient l’air et les chairs du grand chef avec une dextérité déconcertante.

Le moment, tant espéré par Krol, lui était offert sur un plateau. Il esquissa un sourire, serra la poignée de son arme clouté et avança vers les deux combattants.

 Sa fourberie avait surprit l’ancien chef et son opposant. Bozar’sar déjà chancelant sous les nombreuses plaies qui couraient sur son corps, réagit avec retard. Le coup de gourdin clouté que Krol’gom lui avait asséné lâchement dans le dos, fut fatal pour celui qui dirigeait la meute de Carniv’s depuis de nombreux cycles.

Bozar’sar qui pissait le sang, lui avait quand même donné un coup violent de son marteau dans un ultime geste de défense. La blessure au bras, lui faisait encore mal et témoignait du dernier sursaut de sa victime. Une cicatrise de plus à son palmarès, démontrerait sa puissance auprès des autres clans, ce qui fit jubiler Krol’gom.

 La meute affamée admira la vaillance du Bonhomme. La plupart de ses compagnons Bouzgnards seraient servis à table, pour fêter la victoire de Krol’gom. Mais l’étranger continuait à se battre. Il bougeait avec acharnement, semant la mort autour de lui, piquant de ses dagues les téméraires qui l’approchaient un peu trop, avec la rapidité d’une Ahs-plante, mélange cauchemardesque d’un serpent et d’une plante mortelle… La moitié du groupe était au sol, mort ou gravement blessé.

Krol’gom fonçait vers L’hom déjà épuisé, il lui balança un violent coup de poing au visage, mettant ainsi fin à la chasse et au carnage.

Les hourra et claquements de langues qui confirmait son règne, le sortir de sa transe. Le puissant Carniv’ regarda sa meute. Les sourcils proéminents, lui donnait un air terrible lorsqu’il promena ses yeux vert perçant sur les restes fumant du camp de Bouzgnards. Le visage rehaussé de peinture rouge sang déclenchait la peur chez les Bouzgnards survivant, donnant un petit goût salé à la viande. Krol’gom saliva en prévision du festin à venir. La chasse avait été bonne et son règne pouvait commencer. Les quelques prisonniers Bouzgnards eurent l’horrible tache de transporter les morceaux de leurs camarades. Le corps inanimé de l’étrange combattant gisait sur les épaules de Krol’gom.

Les sept survivants de la meute reprirent le chemin de la tanière, hurlant pour éloigner les monstrueuses créatures attirées par l’odeur du sang. Bestiaire abominable créé sur la palette d’un artiste fou qui avait détruit le monde d’Avant, pour coucher sur la toile, ses pires cauchemars. Krol’gom veillait sur son ballot, de plus en plus impatient d’arriver dans son antre et d’en savoir plus sur son jouet Y’umain toujours à sa merci…

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