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Les Frères Dalton : 1871-1892

Les Frères Dalton : 1871-1892

C’est fou, qu’avoir une arme à feu posée sur le front, délient rapidement les langues. Le pauvre bougre dans son costume des villes, devait grandement regretter son intrépidité. Quitter San Francisco pour parcourir les plaines du Far West, à la recherche de l’aventure. Quelle mauvaise idée, à défaut d’aventures, il allait connaître la fin de l’histoire de sa vie.

Détective privé, engagé par la Southern Pacific, grand Manitou des banques et des transports ferroviaires, pour enquêter sur le gang des frères Dalton. Il n’avait rien trouvé d’intéressant, et comme le Siège central lui demandait des comptes. Et surtout pour justifier ses notes de frais exorbitantes. Il avait attribué aux Dalton, des délits commis, notamment une attaque de train de la compagnie, par quelqu’un d’autre. En l’occurrence, le grand métis, tout au bout de l’arme. Desperasta reposa encore une fois, la question :

« Alors Gringo, c’est toi qui raconte partout que les Dalton sont les plus dangereux hors-la-loi ? »

« Heu ! Oui ! Mais j’ai une explication logique… » Aucune détonation n’interrompit sa phrase. Ses genoux devenaient de plus en plus douloureux sur le sol rocailleux et la pression de l’étrange fusil sur son front, aggravait l’inconfort de la situation :

« J’ai rencontré une fille, qui se nomme elle-même « Miss Moore ». Elle m’a dit de travailler pour les quatre frères. Je vous jure… Elle leur fait passer les arrêts et les horaires des trains transportant de l’argent… » Il ferma les yeux, déglutit et attendit le coup fatidique.

Il regarda l’étranger violent, s’éloigner au galop, emportant toutes ses possessions. Dans son malheur, être nu comme un crotale au milieu du désert, plutôt qu’une balle dans la tête, n’était peut-être pas une bonne nouvelle. Les piaillements des vautours la lui confirmèrent directement.

Desperasta n’eut pas de mal à retrouver la catin Moore, quand la vantardise est plus présente que l’or, dans les paysages désolés du Far West, rien n’est difficile à trouver. C’était une belle femme, jouant de ses charmes pour survivre dans le nouveau monde. Elle fréquentait toutes sortes de gens, du comptable boutonneux, aux bandits de grand chemin. Elle ne s’attendait pas à ce que le grand débile avec un flingue ridicule, ne tienne sa promesse d’appuyer sur la détente. Sa tête disparue en même temps qu’elle fini de répondre aux questions de l’étranger.

« Les Frères Dalton : 1892 »

Le couple Dalton, avaient enfantés une quinzaine de mômes, dont les futures Robert dit Bob, William dit Bill, Gratton dit Grat et enfin, Emmett dit Averell, du gang des Dalton.

Les gamins avaient grandi dans une famille respectable. Leur vieux, James Louis Dalton, était un héros de la guerre du Mexique. Fermier, travailleur acharné, modeste et posé, il a su gagner le respect des notables de la région. Un respect que même le comportement de ses quatre fils n’avait pu entacher. Le vieux Dalton et son épouse s’étaient installés dans le territoire. Les aînés sortis d’une grande école, un frère marshal, Franck Dalton, Red Dead aucune rédemption… Il avait fallu qu’ils jouent aux cons avec Desperasta. Il avait la haine contre tous les usurpateurs qui lui violaient la vedette.

Coffeyville était une ville du Kansas située dans le comté de Montgomery. Desperasta chevaucha le plus vite possible dans la direction, où le menait sa vengeance. La gueuse, lui avait dit que les quatre frangins accompagnés par quelques autres crétins, avaient prévu de braquer les deux plus grandes banques de la ville, Bob et Emmett s’occuperait de la Fédéral National Bank, tandis que Grat Dalton, W. Powers et Dick «  Zboub »Broadwell attaqueraient la Condon Bank. Un plan parfait…

Desperasta était arrivée quelques heures avant le gang Dalton dans la ville qui servait de comptoir marchand aux frontières des territoires peaux-rouges. Il prenait le frais à l’intérieur du saloon, sirotant un whiskey local. Il avait remarqué, dès son arrivée en ville, une effervescence inhabituelle parmi la populace. Dans le saloon, les gens semblaient attendre fébrilement quelque chose. Les mères cachaient les enfants dans les caves des maisons. Les fenêtres barricadées par des planches, donnaient une atmosphère feutrée aux intérieurs des maisons.

Un dénommé Chapman, imbibé au tord-boyau, racontait à qui voulait écouter son délire alcoolisé, qu’il avait honte de lui :

« Moi, j’vous dis qu’ils vont viendre…Churrrr, sûr et certain… Hein… Chuis dégouté … Chai, c’était mes potes… P’tain… Pourquoi, j’vous l’ai dit ? Hein ! ‘Culés »

Desperasta observait la scène, mâchonnant sa cigarette indienne lorsque soudain, un homme armé d’une vieille pétoire, fit irruption dans le saloon. Son costume noir et le haut-de-forme visé sur sa tête, indiquait sa profession morbide et l’inexpérience au maniement des armes. D’un geste, d’une main tremblante, il demanda le silence et murmura un :

« Ils arrivent, Johansonsky les a vu près de la rivière…. Préparez-vous à les recevoir… »

Aussitôt la foule apeurée, pris place derrière les barricades de fortunes, armes de fortunes en mains. Un silence de mort couvrit la ville, seulement perturbé par le vol circulaire des vautours qui sentaient le festin venir. De longues minutes s’égrenèrent ainsi. Desperasta ne quittait, ni sa place ni le nerveux Chapman. Celui-ci se dirigeait vers la porte de derrière.

Desperasta finit cul-sec son verre de gnole, jeta un dollar sur le comptoir et suivit sa proie à l’extérieur du bâtiment. Il serpentait entre les maisons et magasins de l’allée centrale, quand les premiers coups de feu résonnèrent dans le silence. La double attaque de banque, devait déstabiliser les habitants de Coffeyville. La trahison de Chapman avait changé le plan du gang des Dalton, et pas vraiment, à leur avantage.

La jubilation qui montait le long de son échine était pour Desperasta, la meilleure des drogues. Toute cette foule allait, enfin pouvoir raconter comment il avait rétabli la vérité sure :

« Desperasta, le plus dangereux bandit du Far West »

Au détour d’une pile de caisses, Desperasta tomba nez à nez avec Robert Dalton. Aux pieds de celui-ci gisait le corps sans vie de Chapman, criblé de balles. Pour sa trahison, Bob l’avait abattu froidement. La décharge du tromblon de Desperasta fit voler en éclat les quelques tonneaux et balustrades situés à l’emplacement vide où se tenait le bandit. Celui-ci courait à demi-couché, esquivant les balles maladroites des civils.

Desperasta rageait, il avait failli l’avoir. Il rechargea son arme à coup unique mais dévastateur. Il avançait d’un pas décidé vers la Condon Bank, ne prenant pas la peine d’éviter les tirs qui pleuvaient autour de lui, et dans toute la ville. Lorsqu’il défonce la porte principale de la banque d’un coup de lattes, il surprend l’un des frères aux prises avec l’employé qui prétend que le coffre-fort ne s’ouvre que si la pendule est réglée sur une certaine heure. Grat Dalton fit un pas à reculons, devant l’entrée soudaine et brutale de Desperasta. Il tira, vidant le chargeur de son colt dans la direction de l’étrange intrus, aucune de ses balles ne toucha sa cible.

Un « Mais qui est donc ce gringo… ? traversa son esprit, en même temps qu’une giclée tromblesque, n’efface définitivement Gratton Dalton de la liste de Desperasta…

Le pauvre employé de banque avait été soufflé, au propre comme au figuré, par le retrait fracassant, effectué par Le hors la loi inamicale et très méchant.

Il faut dire que l’arrivée de Desperasta dans l’équation presque parfaite du plan des Dalton, faisait une différence face à l’armée d’incapables citoyens de la ville. L’exécution de Grat retarda grandement le départ de la bande, alors que Bob et Emmett finissaient leur vol dans la Fédéral National Bank, ils tentèrent de prendre la fuite. La porte située à l’arrière de la banque, n’était gardée que par « Zboub » Broadwell.

A l’intérieur, Desperasta entendait les cris de souffrances des diverses victimes de la fusillade. La porte s’ouvrit, Zgeg Broadwell, Bill Powers qui avait rejoint Bob Dalton, furent déchiquetés par une grêle de balles, tirée par Desperasta. La rafale les faucha tous les trois, lors de leur extraction de la banque. Ils étaient tellement encombrés pas les sacs de pognon. Qu’ils partirent pour un monde meilleur, dans une pluie de confettis vert dollar.

La ville avait pris un véritable bain de sang, avec autant de morts et de blessés que sur un champ de bataille. Desperasta se dit qu’il ne restait qu’à trouver le dernier des frères, Emmett Dalton…

Le silence refaisait son apparition, légèrement entrecoupé par les pleurs des veuves. Desperasta arpentait la rue principale à la recherche de son ultime cible. Il le trouva à plat ventre dans une grange, caché parmi les crottins et la paille.

Desperasta sourit de son sourire carnivore, lorsque Emmett Dalton demanda, au milieu des sanglots :

« Mais, mais t’es qui mec ? »

« Je suis l’ombre de la mort, et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi, s’abattra la vengeance de Desperasta le plus dangereux bandit du Far West … »

La décharge de l’étrange tromblon déchira les chaires d’Emmett Dalton mettant un terme à la vengeance de Desperasta. Il chantait presque en quittant la ville. Son nom reprendrait sa place dans l’histoire. S’éloignant dans le couché de soleil, il se dit que la date du 5 octobre 1892 resterait gravée dans les mémoires. La mort des Dalton par le grand DESPERASTAhAhAh !

Son rire glaçant fut le seul souvenir de lui, qu’eurent les habitants de Coffeyville. Certes, beaucoup de gens se sont demandés pendant longtemps, quel étrange animal rodait près de la ville. Mais leur attention était toute tournée par la découverte du corps, encore vivant d’Emmett Dalton. Grièvement blessé, criblé de vingt-trois impacts de balles, il respirait faiblement. Bien qu’il n’ait tiré aucun coup de feu dans l’attaque, les pronostics sur son avenir allaient bontrain. Il serait accusé de braquage de banque et de deux meurtres, tandis que les dépouilles encore chaudes de ses frères et amis, étaient exposées comme de la vulgaire marchandise. Un opportuniste, déposa une carte d’avocat dans la main d’Emmett Dalton, seul survivant du carnage de Coffeyville …

A SUIVRE