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Gurl l’Imbattable (Part II)

L'histoire qui m'est contée

« Oui bonnes gens et autres bidules… La fabuleuse rencontre entre DARHN et GURL … Mais, commençons par le début… »

Zargol jubilait, un coup d’œil sur la zone d’ombre du fond, sur le public acquis, et les deux choses humanoïdes le rassura. L’assistance retenait sa respiration, le suspense était à son comble… Le visage difforme de Polpol tourné vers lui, devint tout rouge.

Afin d’évité l’explosion, par manque d’oxygène, du curieux personnage assis face a lui et garder les Rondelles récupérées en bourse, Zargol repris son récit :

« Dans un monde, ou manger et être mangé, rythmait la vie en permanence. Très peu d’Hom’s vivaient assez de temps pour se forger un nom. Darhn est l’un d’entre eux. Ses faits d’armes, ses baffes dans la gueule, et autres aventures mystérieuses ne sont plus à conter. C’est vrai qu’il n’avait pas cherché sa renommée, mais il y avait pris goût avec le temps. La peur qu’il lisait dans les yeux des imbéciles, trop prétentieux ou trop cons, qui avaient entendu parler de lui, suffisait souvent par laisser Darhn en paix. Et cela lui convenait.

C’est dans les bas fonds de l’ancienne capitale Aris, que le nom de Gurl l’Imbattable parvient aux oreilles du Géant pour la première fois.

Gurl l’Imbattable commençait à faire parler de lui. Ce qui intrigua et agaça Darhn. Il en avait remis plus d’un à leurs places, les pieds sur ou sous terre. Mais les histoires qu’il entendait sur le bonhomme demandaient à être vérifiées et pourquoi pas démontées. Ainsi sont les Héros, toujours à la recherche d’un défi a surmonté.

La région de Aris ressemblait à la peau d’un Purulent, couverte de cratères, zone de largages festifs des Anciens. De grandes forêts d’arbres gris s’infiltraient entre chaque point d’impacts, créant un labyrinthe de végétation hyper hostiles.

Ils s’y cachaient de nombreux gangs de voleurs, violeurs et autres connards qui sévissaient dans toute la région. La faune et la flore n’aidant en rien au tourisme, non plus.

La ville actuelle, faite de brocs et de briques, installée dans le squelette de l’ancienne capitale, accueillait toute sorte de gus débiles.

Darhn y avait ses habitudes. Lors d’une de ses rares visites en ville, il avait nettoyé à grand coup dans le fion, la Taverne de la Soif. Petit bouge, fort sympathique, où la bière était moins dégueulasse qu’en d’autres endroits. Une bande d’abrutis y avait élue domicile, et maltraitait la famille de Bouzgnards tenanciers.

« Manger ou être mangé, si tu peux, y a pas de questions. Si tu peux pas, c’est déjà trop tard».

Depuis le départ précipité, et expéditif de la bande de couards, l’endroit était devenu plus calme et accueillant. Bien placée, la boutique était proche de nombreux bordels, salles de jeux et autres Arènes, formant un des grands quartiers de Aris. La Taverne de la Soif, accueillait une clientèle aussi hétéroclite que crétine. Darhn y était depuis, toujours le bienvenu.

Les fumées de klops, de cigares de Canah, de pipes et d’encens formaient un mélange tenace et envoûtant dès l’entrée de l’établissement. Installé à sa table favorite, Darhn regardait l’incessant va et vient du Daron, repensant à celui de la Daronne. Armé de son plus grand sourire édenté, celui-ci se démenait pour satisfaire son glorieux invité, tout comme la Daronne, lors de son précédant séjour.

Il ne fallut que quelques minutes et pintes avant que le nom de Gurl l’Imbattable, ne jaillisse dans toutes les conversations.

 “T’y a vu ? Gurl l’Imbattable par ci, Gurl à fait ça… Blablabla…Ville de Yon… Ahahaha ”

Darhn scrutait la salle, suivait des yeux le nom de Gurl l’Imbattable, rebondir de tables en groupes de Bouzgnards. Un grognement d’agacement, s’échappa d’entre ses lèvres. Faisant sursauter de surprise et de peur, la pauvre serveuse occupée à la table voisine.

L’explosion de colère, jusque là contenue, envoya valdinguer, tables et clients dans tous les sens. Darhn traversa la salle, en quelques secondes. Lançant au passage une belle poignée de Rondelles sur le tenancier abasourdi….Il pris le chemin vers Yon »

Zargol, stoppa son histoire. Il leva sa pinte vide et fit semblant de boire. Une nouvelle pinte et une assiette de bien meilleure qualité furent déposées devant lui, par la douce moitie… Ou ¾ du Daron. Toutes les chaises étaient occupées et tournées vers lui, comme au théâtre. L’énorme bonne femme faisait preuve d’une dextérité assez surprenante pour sa corpulence, virevoltant entre les tables et les con’vives…

Vérifiant d’un coup d’œil satisfait, le nombre de Rondelles déposées sur la table, Zargol repris…

« …La route vers Yon n’était pas de tout repos. Mais Darhn était déterminé à rencontrer se fameux, Gurl l’imbattable. La curiosité attisait sa rage, incompréhensible pour le géant au calme olympien. Et rien ne l’arrêta, ni la meute de Gro’Dogs, ni la nature hostile, ni les quelques crétins qui voulaient se faire un nom. Il mit à peine un mois pour arriver devant les portes à ponts levis de Yon.

Peu touchée par les Anciens, la ville s’étendait sur des kilomètres, longeant le grand Désert du Mont’Blan. Les vestiges de l’ancienne ville avaient, depuis longtemps presque disparus. En partie rongés par le temps, en partie utilisés pour former les fortifications et habitations de Yon. Fief d’abrutis qui avaient choisis comme mode de vie, une encore plus ancienne époque d’Avant. Armures métalliques sans aucunes maniabilités, armes trop lourdes, noms rigolo… Seigneurs, Barons et autres débilitées. Mais, l’avantage d’une telle organisation était d’amener une certaine tranquillité dans la région. Les quelques bestioles dangereuses qui restaient, ne représentaient que peu de danger. Un Bouzgnard en moins, de temps en temps, ne changeait pas grand-chose à la donne.

Les activités de Yon et de son « Seigneur Empereur Dieu » étaient le plus souvent, les petites guéguerres entres châteaux, et le commerce de Bouzgnards. Deux éléments lucratifs pour tous mercenaires voulant faire fortune. »

Le souvenir Mercenarial et la douleur fantôme qui taquinaient sa mâchoire, ramenèrent Zargol, à l’Auberge du Trou Perdu. Il prit une longue gorgée de sa pinte, sitôt remplacée par une autre, rentabilisant l’arrêt en ce lieu. Il respira un grand coup. Le regard sembla se perdre dans l’ombre de la salle, il continua son histoire…

« … Sur le pont surplombant un gouffre assez profond, menant vers la ville, une foule disparate d’opportunistes chanceux ou non, se massait devant les portes de Yon. Les deux gardes imbriqués dans leurs armures trop lourdes, frémir d’une étrange sensation à l’arrivé du Géant aux yeux sombres. Le plus courageux ou débile des deux, voulu s’interposer au passage de Darhn. Quand le plus débile s’envola du pont, avant de s’écrasé au fond du gouffre, dans un bruit de fruit métallique. Son crétin de collègue compris sur l’instant qu’il s’agissait d’une bien mauvaise idée.

Darhn ralenti à peine, passant devant l’autre idiot, il demanda d’une voix terrifiante.

« Gurl, ou est Gurl l’imbattable ? »

Le gars, dont le casque ne lui permettait pas de lever les yeux vers le visage du colosse, répondit au torse musculeux d’une voix tremblante et malodorante.

« …Doit… Doit-être au cantonnement des mercenaires, au bout d’la grande rue…heu, Pitié… M’sieur…»

Il esquiva de justesse, manquant rejoindre son binôme, la force brute qui avançait inexorablement droit devant lui. Sans un mot, le géant fonça vers la ville. Le garde tremblant, le regardait bousculer la foule de Bouzgnards et de voyageurs, comme un buffle sauvage traverse les hautes herbes. Préférant oublier sa lâcheté, ayant une petite pensée a sa ratatouille d’ami, il reprit sa place et son taf pas assez payé de garde du pont. 

Darhn, fendait la marée Y’umaine, sous des râlements d’agacements bousculés, suivi d’un « Pardon M’sieur ! », devant sa silhouette impressionnante.

Il connaissait bien la ville et se dirigea directement vers le cantonnement des mercenaires.

La lourde porte d’acier du massif bâtiment, était grande ouverte. Des rires et de la musique se faisaient entendre à l’intérieur. Beaucoup de survivants souhaitaient trouver, l’espoir ou la fortune en s’engageant chez les mercenaires. Beaucoup finissaient par nourrir une créature, une plante ou toutes autres saloperies mortelles, laissées pas les Anciens.

Alors que jadis, il y avais passé de très nombreuses heures, le terrain d’entrainement était désert. Darhn esquissa un sourire nostalgique, repensant à son vieux maitre d’arme croisé peu de temps après sa sortie du BEUKER. Pauvre Hom…

Darhn entra dans le grand hall, qui servait d’arène et de …grand hall des fêtes… Portant l’uniforme multi couleurs de chaque Seigneurs, Barons et autres, qui pouvaient payer et guerroyaient sans arrêts, les Survivants mercenaires pouvaient trouver refuge et repos dans la neutralité du cantonnement. Une trentaine d’entres eux, formaient un cercle au centre du hall. La musique et les rires venaient de cette direction.

Darhn descendit d’un pas sûr et familier, les escaliers qui menaient directement vers le groupe. Sa haute stature, dépassait largement l’entièreté de la scène, et lui donnais une vue plongeante sur la fosse. Surpris, il ralenti légèrement en voyant le petit truc, qui attirait les rires et les chants des mercenaires. Sa colère qui n’avait pas vraiment disparue s’envola en un instant. Remplacée par une toute petite curiosité étrange assise sur un trône de bois, au milieu de l’arène du grand hall. La foule scandait le nom de l’Hom tant recherché…

« GRUL !, GURL !, GURL !…. »

Zargol le conteur, commençais à fatiguer. Il avait si bien accroché à ses lèvres les Bouzgnards et Daron de l’Auberge, qu’il s’était laissé allé et avait bu plus que de raison. L’ivresse, la fatigue du voyage et l’heure tardive qui le touchait, n’avaient pas éteins la flamme de curiosité dans les yeux troublant du Daron impatient sur sa chaise de l’autre coté de la table. Zargol regarda le fond obscur de la salle, derrière le mur de curieux avides d’histoires fantastiques, qui les sortiraient un moment de leurs misérables et pathétiques existences. Il souffla légèrement, sachant qu’il jouait le tout pour le tout, prêt à reprendre.

Parfois, dans un monde ou la chance n’est plus en option, elle survient quand on s’y attend le moins. Les mots fluets prononcés par l’énorme Gruth, la Daron des lieux, vinrent comme le messie de l’alcool qui annonce l’appel de l’oreiller et la gueule en cuir du matin suivant :

« Allez tous dans vos couches, on ferme ! M’sieur Zalgor, j’vous ai mis dans une chambre double, le lit est fait. Vous continuerez demain, si vous voulez bien ? Pour le m’ment, on ferme. Allez, allez…»

Polpol le difforme, suivit sans rechigner les ordres de son épouse, repoussant les chaises et les mécontents vers leurs lieux de sommeil.

Malgré l’écorchement de son nom par la grosse Dam‘ et les protestations des autres clients. Zargol se leva et tituba lentement dans la direction indiquée par les doigts boudinés. La porte de la chambre refermée derrière lui et la promesse d’un lit douillet, firent marrer Zargol. Il regarda dans la semi obscurité la lourde silhouette installée sur le lit voisin du sien. Il jeta d’un geste précis la bourse alourdie par la générosité crétine des Bouzgnards, au géant découpé en ombres chinoises. Le cliquetis des Rondelles soupesés précéda la voix, qui même murmurée, lui faisait toujours serrer les dents et ravivait une ancienne blessure à la mâchoire.

« Hum ! T’en fais trop… »

Zargol posa sa tête sur l’oreiller propre, ferma les yeux et murmura un…

« Bonne nuit Darhn…on verra demain… Chuis mort…Rrrrrrrrrrr…»