Un petit geste pour la planète…
Jean-Jacques Granmoulin, père aimant, mari fidèle, employé modèle, ne sut jamais que le petit geste qui pourtant lui avait été rabâché, matin, midi et soir par des marionnettes encostardisées du journal télévisuel, allait mettre fin à l’humanité.
Depuis quelques années, l’enjeu écologique, pondu par d’autres encostardisées était devenu la règle première. Et au fil du temps, la sauvegarde des écosystèmes était devenu la principale préoccupation de toute l’humanité.
Il aura fallu quatre-vingt-deux ans pour que toutes les nations adoptent une loi radicale et unanime, devant l’urgence de la situation et fassent cause commune, mondialisant tous les gouvernements.
En cent ans, 80 % de la biodiversité avait disparu, remplacée par des millions d’hectares de culture intensive afin de nourrir les 12 milliards d’êtres humains, habitants malchanceux de la planète Terre, au détriment de la nature même, de leur existence.
D’immenses zones sauvages avaient donc été créées afin de préserver qui cet ours blanc, qui cette plante nourricière, reléguant les populations humaines vers les mégalopoles déjà surchargées.
Puis vint d’autres lois, de plus en plus absurdes mais nécessaires selon d’autres encostardisés, généreusement bien installés dans de luxueux bureaux. Ainsi vint, les unes après les autres, des lois sûr le vivant, l’eau, l’air et tant d’autres choses, punissables de plus ou moins lourdes sanctions. Ainsi, ce qui semblait acquis par l’ensemble de la population mondiale, avait, juste une fois, fait défaut à ce cher Jean Jacques Granmoulin. Non seulement parce qu’il avait mal dormi, mais surtout, par un simple réflexe, il avait tiré la chasse d’eau après son pipi matinal.
Les nouvelles directives du gouvernement mondial avaient, pourtant été claires, pas plus d’une chasse d’eau par semaine, tout contrevenant sera puni de dix ans de travaux forcés sur la base lunaire « Cayenne II » et d’une déchéance de citoyenneté de vingt-cinq ans minimum, de quoi décourager tous les contrevenants.
Une lourde sanction pour le bien-être de tout un écosystème, mais justifiée par l’adage gouvernemental :« Un grand geste pour la planète » ancré dans les esprits depuis plusieurs générations.
Et pourtant, ce matin-là, Jean-Jacques Granmoulin n’était pas préparé au cataclysme qu’il venait de déclencher de par son horrible étourderie.
1,5 litre d’eau évacuée dans les sous-sols de Mega-Paris vers le secteur « Mars-Nice » au sud de la mégapole. Parcourant les centaines de kilomètres de la canalisation centrale, cette eau, souillée par l’activité urinaire, mis environ 1 h et quelques minutes pour s’engouffrer au cœur de la centrale thermonucléaire.
Or, cette si petite quantité d’eau de chiottes n’était pas prévue dans les calculs millimétrés des nombreuses éco-brigades scientifiques de la section « Énergie et préservation » et ce trop-plein vînt contrebalancer toutes les actions mises en place par les gouverneurs successifs au cours des années.
Son introduction dans le circuit fermé produisit une surchauffe de l’immense réacteur souterrain qui frémit quelques secondes avant que l’équipe de thermotechiciens ne vois le panneau de contrôle clignoter comme à la saint glinglin et que l’onde de choc ne se propage sous la croûte terrestre et ne descende inexorablement vers le cœur de la planète.
Personne ne vit l’implosion, ni n’entendit le pfff qu’elle fit en se désagrégeant sur elle-même, pas même Jean-Jacques Granmoulin qui se préparait à partir travailler au secteur préservation et incendie.
This is the end…