La route qui mena à Grul
Zargol, conteur à ses heures, repentit à coups de baffes, secoua son lourd caban humide sur le seuil de l’Auberge du Trou Perdu. Le brouhaha venant de la salle enfumée, contrastait avec le silence qui régnait dans Les Plaines du Grand Chut.
Lors de la lecture du testament des Anciens, le partage des monstruosités avait été équitable. Plaines, Montagnes, Marrais, trucs vivant et autres avaient hérités des souvenirs pourris des Anciens. Coincée entre deux chaines de montagnes récemment crées, sur l’échelle de destruction totale, par l’impacte des Boumboum ancestrales. Les Plaines du Grand Chut, étaient couvertes d’une purée de pois tel que les sons et la vision, ne dépassaient que quelques Brasses.
Tout voyageur, souhaitant rejoindre Le Plateau d’Angle par le Gouffre de Lil’, se devait d’être exceptionnellement balèze, ou bien et afin d’éviter un détour de plusieurs jours pour rejoindre le plateau, passer par Les Plaines du Grand Chut.
Une légende disait que les plaines, se situaient à l’emplacement séparant deux régions du monde d’Avant, d’un ancien bras de manche ??? Chacun interprétera les légendes comme bon lui semble.
Traverser l’immense canyon n’était jamais de tout repos. Le silence étouffé, recelait de nombreux danger, pouvant jaillir à tout moment du brouillard. Parfois, l’écho du vagissement agonissant d’une victime du bestiaire aussi étrange que cruel, troublait la fausse quiétude des lieux. Au cœur de cette mélasse, le seul havre de semi-paix, l’Auberge du Trou Perdu, se trouvait à mi-chemin du Plateau D’Angle et Lafranc, pays d’où venait Zargol.
Dissimulée entre deux énormes rochers, la vieille bâtisse n’était accessible, qu’en connaissance du chemin parmi la brume. Bricolée par les quelques Bouzgnards qui survivaient difficilement dans la région, et relai cowboyesque, l’Auberge du Trou Perdu devait permettre a Zargol de gagner quelques Rondelles, surtout lui apporter repos, et matos.
Après de longues heures passées dans l’angoissant silence, tout ce boucan ravi les oreilles du voyageur imprudent, qu’était Zargol.
Il se dégota une place à table, près du comptoir et du poêle à Pierre Noire. Une vingtaine de Bouzgnards et quelques voyageurs formaient la clientèle du taudis. Les petits neurones de Zargol se frottèrent deux mains imaginaires, à l’idée d’un avenir fructueux.
Une pinte d’obscur liquide et un repas chaud a base d’on-ne-sais-quoi, lui furent déposer a table, par la Daronne aux gros seins. L’arrivée d’un étranger dans une zone peu fréquentable, amenait toujours son lot de questions. Les visages suspicieux du troupeau buveurs de bier’, scrutaient Zargol, n’attendant qu’un signe de la Daronne, pour intervenir ou fuir selon leur estimation de la situation.
Le quintal qui servait de Daronne à l’Auberge du Trou Perdu, fit sourire Zargol, lorsqu’une voix fluette et détonante du personnage, annonça la première question.
« Z’etes pas du coin, vous ? »
Zargol, retint un rire malvenu, dans un endroit ou l’humour avait disparue en même temps que la Guerre de La Grande Lumière. Il n’eu pas le temps de répondre, qu’une deuxième question sortie de derrière la colossale Daronne. Le petit bonhomme difforme, monté dans tout les sens, qui apparu dans le champ de vision de Zargol, répéta la deuxième question d’une voix forte et rocailleuse.
« Ma Meuf, vous a posée une question, nous, on ne veut pas d’ennuis. »
A la simple idée que le « couple, vraiment mal monté» devant lui, morphologiquement si différent fut les Darons de l’endroit, la mousse de l’obscur liquide, qu’il tentait de boire, s’introduisit dans le gossier, ressorti par le nez et étouffa un énorme fou rire.
Zargol, les yeux pleins de larmes, mélange de rire et d’étranglement, essuya son visage et dit calmement.
« Désolé, pas l’habitude de votre tord-bo…Bier ‘… Et, Nope, je ne cherche aucun ennui. »
Les deux Muto’s, ainsi que le reste de l’assistance, ne lâchèrent pas Zargol du regard, mais l’ambiance fit marche arrière sur l’échelle des emmerdes. La Daronne repartie comme elle était arrivée et retourna à ses activités de Daronne au milieu de la populace qui se massaient autour de Zargol et du Daron.
L’Hom, tira une chaise et s’assis en face de Zargol. Pendant quelques minutes, son regard plissé observa en silence son étrange visiteur. Zargol avait du mal à ne pas pencher la tête sur le coté, afin de réaligner ses yeux à ceux, mal placés sur la forme patatesque de la tête du bonhomme. Le silence, légèrement distrait par les chuchotements de l’auditoire, fut rompu à l’initiative du tenancier, par une mitraillette de questions.
« Z’etes venu faire quoi par ici ? Z’allez ou ? Z’etes qui ? Alors ? »
La riposte ne se fit pas attendre. Baïonnette au clairon.
« Je me repose, Je vais sur le Plateau D’Angle, je suis Zargol, ancien mercenaire, aujourd’hui conteur, Alors ? »
L’échelle des emmerdes s’effondra d’un seul coup, lorsque l’horrible visage, devant lui, se para d’un tout aussi horrible sourire. Le groupe de Bouzgnards formait un cercle, dont l’attention était dirigée sur Zargol et le puzzle Y’umain. Le tas de caillou qui servait de voix dans la bouche du tenancier, éraillèrent ses oreilles.
Mais il prononça les mots que Zargol savait arriver.
« Un conteur, t’entend ca bobonne, quelle chance vous z’autres, on est si loin de tout »
Une volée de Rondelles rebondie sur la table, en même temps qu’une pinte de bien meilleur qualité. Zargol souriait. Partout ou il passait, son nouveau statut (par obligation, lui offrait gîtes, couches et quelques autres avantages.
« Polpol, c’est mon nom et voici Gruth ma femme, l’Auberge du Trou Perdu est à nous. Quelles sont les nouvelles par delà les Plaines du Grand Chut ? Bien sûr, tout est à nos frais, Hein Bobonne ? » Grinça le bonhomme difforme.
La Daronne courait dans tout les sens, tentant de satisfaire la montée de commandes qui agitait soudain la salle, grogna se qui ressemblait a un « oui ». Zargol apprécia la nouvelle pinte d’une longue gorgée, attendant pour faire monter le suspense. Il reposa lentement la pinte, s’essuya les lèvres, d’un coup d’avant-bras. Il prit une profonde inspiration et ressenti une ancienne douleur au niveau de la mâchoire en repensant a sa première rencontre avec le Géant.
Les années passées à conter l’Histoire de Darhn, afin de perpétrer la légende, dont beaucoup de Bouzgnards avaient besoin, comme seule note d’espoir dans se monde, lui permettaient de survivre. Au fil du temps et quelques rencontres avec son Héro, Zargol avait appris qu’une histoire bien racontée pouvait rapporter gros. Il s’éclairci la voix et ne prononça qu’un nom :
«Darhn ! »
L’édifice qui servait de relai, frissonna au nom du Légendaire Héro. Le silence extérieur se mélangea avec celui qui, maintenant se fessait dans l’établissement. Les glottes de l’auditoire complet et chiasseux, montaient et descendaient dans les gorges serrées. Zargol, comprenait, il avait ressenti la peur, lui aussi…
« Je peux vous parler des Marais Sinistres, de la bataille du Par’Dis’ey, l’Histoire de Géraldine, ou bien de la Tour Rouge, encore de La rencontre entre Darhn et Gurl L’imbattable ? Et tant d’autres histoires »
« Gurl l’imbattable…, Gurl…, GURL … ! » s’écria la foule de plus en plus généreuse et attentive.
Zargol se réjouissait dans son coin, regardant autour de lui, la première partie du plan était en bonne voie. Le semblant de nuit s’étirait sur la région, donnant à Zargol assez de temps pour remplir sa bourse et son ventre.
« Alors, ainsi commença l’Histoire fantastique, qui permit la rencontre entre deux Hom’s. Survivants d’exceptions, Vainqueurs de milles dangers. Que j’ai eu l’honneur de croiser a plusieurs reprises. J’ai nommé, Le GEANT DARHN et GURL L’IMBATTABLE … »…