Bill le Gamin : 1859-1881
Desperasta, alias La grenouille de Milwaukee, alias Le hors la loi inamicale et très méchant, alias Le grand bonhomme, alias Le fripon de ces dames, alias Johnny la Débrouille, alias Le voleur du Texas, alias Le galant homme, alias tout un tas d’autres noms. Bref, Desperasta est connu dans toutes les terres désolées du Far West… Enfin presque…
Desperasta est hargneux, méchant et vicieux, le pire du pire des bandits, la terreur des grands chemins, et même des petits sentiers.
Déjà tout petit, il était détesté par tout le monde. Seule sa sœur était gentille avec lui…Mais ça ne compte pas, elle était mort-née. Ses parents le battaient très souvent, pour rien. Ses frères le battaient trop souvent, pour rien. … Mais alors, pourquoi le battaient-ils ? Me diriez-vous ? Pour rien en fait, peut-être à cause de ses différences où peut-être que Desperasta n’était destiné qu’à souffrir ? Qu’il devait être battu pour devenir celui qu’il devait être à l’âge adulte. Son enfance ne fut que souffrance, vengeance et méchanceté seraient sa vie.
Multi-métissé, Desperasta est grand, plus grand que ce crétin de Phil Défaire. Il est mince et sec comme un cactus mexicain. Le vieux tromblon qu’il porte en permanence avec lui, fait toujours sourire ses adversaires, juste avant d’effacer leurs têtes d’idiots. Il est âgé d’une trentaine d’années, mais en fait un peu plus. Desperasta porte les cheveux longs tellement sales, qu’ils forment comme des racines. Et il a toujours la cigarette euphorisante, accrochée à son sourire carnassier. C’est dans l’ensemble, la dernière image que ses victimes voient avant de mourir.
Son premier méfait reconnu officiellement, fut le meurtre sanglant de toute sa famille pour son quatorzième anniversaire. Suivi de toute une série de braquages de banques, de diligences, de meurtres sans raisons, de tricheries aux cartes, de viols, de vols de bétail, pacification avec les peaux-rouges, et cetera…
Desperasta, le bandit le plus mauvais de tous les gredins. Il est si méchant, qu’il ne laisse que peu de survivants lors de ses méfaits. Si bien que beaucoup d’autres bandits s’octroient la gloire en découlant. Bill le gamin, le nullissime Wyatt Earp, et même les frères James ont usurpés, deux ou trois de ses braquages sanglants.
Mais, Desperasta ne veut qu’une chose, obtenir l’ultime titre, devenir :
« Desperasta, le plus dangereux bandit du Far West »
Et pour cela, il se décide de remettre les pendus à leurs places. Desperasta se doit d’éliminer les autres Bandits. Alors il se fait une liste…
« Bill le gamin : 1859-1881 »
Bill le gamin est le surnom de William H. McCarty de New York… Ou bien de W.H. Bonney, où encore Henry Antrim ? Enfin bref, au Far West, les bandits portaient tout plein de pseudonymes. Le sien ne vient pas de son jeune âge, mais de sa petite taille et de ses colères de gamin…
Desperasta n’en sait pas beaucoup sur le gosse, juste que la plupart des éléments qui concernent sa vie, sont assez controversés, de racontars contradictoires à des témoignages alcoolisés ou sans fondement. Bill le gamin aurait participé à la guerre d’un obscur comté et en tant que bandit, il aurait tué vingt et un Bonhommes. Bon pistolero, assez rapide, c’est ce qui se dit dans les saloons de fréquente Desperasta. Mais ce qui est sûr, c’est que ce petit crétin, s’est attribué dix-neuf des crimes de Desperasta, et cela ne peut rester impuni.
Le service de télégramme n’étant pas toujours fiable, Desperasta mis du temps pour retrouver le gosse. C’est grâce au service de messagerie des peaux-rouges, qu’il mit la main sur Bill. Il semble qu’il est quelque part au Nouveau- Mexique en compagnie de son ex-comparse, le connard de Pat Garrett. Shérif du comté de Lincoln et futur écrivain prétentieux.
Desperasta partit donc le 10 juillet 1881 vers l’ancien Fort Sumner, en chasse du premier bandit à devoir payer l’addition. Le voyage dura quatre jours, dans la poussière du désert.
L’ambiance de Fort Sumner est comme dans tous les trous perdus, que Desperasta a traversés au cours de sa vie. Celle d’un trou perdu au milieu de nulle part. Les remparts délabrés étaient censés empêcher dans le temps, les Peaux-Rouges sauvages d’entrer et les Peaux-Rouges en réinsertions culturels de sortirent. Les soldats grincheux du général Carleton protégeaient encore, il y a quelques années, la zone de tout débordement. Ce ne fut pas vraiment un succès.
Les quelques bicoques encore debout, servant de casernes, étaient alignées pour la parade comme à Gettysburg, s’accrochant désespérément les unes aux autres fasse au temps. La rue principale sent encore la poussière et le crottin.
Desperasta passe les portes en ruines, sous le regard suspicieux du fantôme d’un vieux soldat. Il sourit car il sait que tous les mélanges raciaux qu’a subi sa famille au cours des années, auraient été source de problèmes avant l’abandon des lieux. Cette fois, l’esprit du vieux soldat, sûrement fatigué par une garde ennuyeuse, et n’arrivant pas à définir l’ethnie de l’étranger, fit un signe de la main, donnant son accord pour l’entrée d’un vivant dans le Fort abandonné.
Desperasta dirige son cheval vers le centre des lieux. Arrivé devant ce qui ressemble à un saloon abandonné, où une dizaine d’autres chevaux sont attachés, il descend de sa monture. Portant le nom que l’ancien propriétaire lui avait dit avant de mourir. Pitié, est une belle jument bi-couleur, fidèle et peu farouche mais rapide. Une bonne monture qui va l’attendre sagement.
L’entrée discrète de Desperasta dans le bâtiment saloonesque, se fit dans un brouhaha, mêlant rires, chansons, et musiques. Il passa inaperçu, comme souvent, dans ce qui est devenu un tripot clandestin après l’abandon du Fort Sumner. Accoudé au comptoir, il engloutit successivement, les trois whiskeys que le barman opportuniste déposa devant lui. La dizaine de cow-boys chantaient, riaient, buvaient, dépensant le moindre dollar, dans ce petit havre de paix en plein désert. Les quatre filles déjà saoules s’accrochaient désespérément aux bras des moins moches, sachant que la nuit serait longue, très longue pour elles.
Desperasta regarda la salle, à la recherche de Bill le gamin. Celui-ci jouait aux cartes avec Pat Garrett et trois autres gus. La tension semblait montée autour de la table de jeu, créant une distraction, une histoire de tricherie entre deux des participants met le feu aux poudres. Desperasta profitant que toute l’attention est dirigée vers les joueurs de cartes, se dirige d’un pas assuré vers sa cible. Il se plante derrière Bill le gamin et vaporise avec son tromblon, la tête du petit homme qu’est Bill le gamin.
Personne, ni Pat Garrett couvert de la cervelle de son ex-comparse, ni les autres dans le saloon, n’ont vu qui a tiré. Les filles et les cowboys courent dans tous les sens, laissant le temps à Desperasta de payer ses whiskeys, sous les yeux hagards du barman, et de disparaître tranquillement.
Dans le soleil couchant, s’éloignant de Fort Sumner, spectre du passé et futur endroit légendaire grâce à lui. Desperasta avait remis les pendus en place, au moins pour le premier d’entre eux. Maintenant son nom reprendrait dans l’histoire, la place qui lui était due. Celle du plus grand des bandits du Far West. Celui qui avait fait respecter son nom, les livres s’en souviendront : Desperasta, le tueur de Billy the Kid.
Il ricane en rallumant son pétard d’herbes indiennes et sort le papier où sont inscrits les noms des autres bandits à corriger. Puis son rire grinçant expulsa au loin, une volée de vautours occupés à nettoyer une carcasse quelconque, lorsqu’il prononça le deuxième nom de sa liste :
« Mouhahahahhaha ! Les Dalton… Les frères Dalton, Mouhahahahah ! »
A SUIVRE